Ibiza

« Ce n’est pas toi qui choisis Ibiza, c’est Ibiza qui te choisit »

par | Août 20, 2024 | 0 commentaires

1994-2024

Cet été j’ai réalisé que cela fait tout juste 30 ans que je débarquais aux Baléares (juillet 94) : Timing parfait, dès lors pour peaufiner et partager ce texte commencé avant même le lancement du blog.

Pas juste pour raconter ma petite histoire mais pour inviter le lecteur à une réflexion et mise en perspective de son propre parcours, du temps qui passe, des choix et surtout synchronicités qui modulent le cours d’une vie et l’impactent sur le long terme. Ces synchronicités dont la vie a le secret quand on y est attentif et qui jalonnent le chemin quand le mental ne leur résiste pas.

« Le hasard, c’est le déguisement que prend Dieu pour voyager incognito » Albert Einstein

(remplacer Dieu par Source ou Grand Tout ou autre, pour que cela sonne juste)

Dans mon cas , le déguisement fût une offre d’emploi pour un job à Ibiza : plutôt cool comme lieu où amorcer un réveil à Soi-Même.

Ibiza, c’est quatre années de vie, plus ou moins de 1994 à 1998, de mes 27 à mes 31 ans.

C’est mon île de cœur, envers laquelle je ressens un attachement quasi viscéral même si je n’y suis pas retournée depuis 4 ans.

Alors pourquoi ce titre (« Ce n’est pas toi qui choisis Ibiza, c’est Ibiza qui te choisit ») ?

A vrai dire c’est la phrase d’amorce un peu énigmatique d’une comédie française intitulée « Ibiza » que j’ai vue il y a quelques mois. Pitch certes sans intérêt, mais l’occasion de voir à l’écran certains lieux que je fréquentais. Ce titre pourrait sous-tendre un élitisme mal placé du style « Ibiza ne se révèle pas à n’importe qui ». Il n’en reste pas moins qu’expérimenter Ibiza en All Inclusive dans un hôtel de la Baie de San Antonio en mode plage le jour, boite de nuit la nuit, ne procure pas les mêmes sensations qu’y aller au printemps parcourir les campagnes parsemées d’ amandiers en fleurs ou sortir des sentiers battus.

Ibiza véhicule une image sulfureuse qui se limite pour certains aux boites de nuit géantes et leur lot de gogo dancer sexys, aux looks extravagants, aux after-party sous stupéfiant, aux yachts et villas luxueuses d’un public huppé sans oublier le flower power qui garde la quotte même si on est bien loin des hippies d’antan.

Ibiza pour qui la découvre vraiment, c’est une lumière et des énergies très particulières (Es Vedra), une sensation de liberté, de tolérance, d’hédonisme; je me rends compte que c’est difficile de mettre des mots ; je m’estime privilégiée d’avoir pu la connaître, d’avoir pu y travailler à l’année (et non en saisonnière) avec un salaire confortable et un loyer ridiculement bas. D’avoir pu, surtout, la vivre loin des clichés dans le village tranquille de San Miguel. Aujourd’hui hélàs tout comme aux Canaries, des voix se font entendre pour freiner l’envahissement par le tourisme et le capital étranger qui portent préjudice à l’accès au logement des locaux et des saisonniers.

Le côté « spécial » d’Ibiza, je le sens plus que je ne peux le verbaliser ; alors Ibiza ne s’offre-t-elle en effet pleinement qu’à qui est prêt à la percevoir ?

Est-ce donc Tanit, déesse (de la mythologie carthaginoise) très présente à Ibiza qui attire à elle ?

Qui aurait parié que j’allais y passer quatre années de ma vie ?

On ne me voit pas nécessairement comme le profil type d’une « aficionada » d’Ibiza.

A 27 ans, je n’avais jamais entendu parler ni de l’île ni de sa réputation ; mes parents non plus, car même si j’étais en âge de prendre mes propres décisions, je ne suis pas sûre qu’ils auraient vu mon départ d’un bon œil s’ils avaient su.

Tanit a subtilement pris la forme d’une offre d’emploi dans le journal « Le Soir ». Forte de ma Licence en Sciences Commerciales, je recherchais ce qui allait être mon cinquième boulot en +-4 ans tant je ne me sentais nulle part à ma place et n’avais pas une fibre carriériste à la mesure de la Grande Distinction pourtant obtenue en fin d’études sans grande passion.

Heureusement j’ai fait alors un choix à l’encontre de celui que mes parents préconisaient : Comme quatrième langue, j’ai opté pour l’espagnol (délaissant l’allemand qu’ils plébiscitaient). Je n’étais jamais allée en Espagne mais cette langue moins rugueuse, plus ensoleillée, m’attirait, et j’ai campé sur mes positions.

En amont on ne comprend pas toujours l’impact qu’un choix qui semble anodin peut avoir sur la toile d’une vie.

Mon troisième boulot consistait à une saison en tant que « G.O » dans un hôtel du Club Med à Marbella, le plus improbable qu’il soit pour la jeune diplômée coincée que j’étais. Forte de cette expérience et de ma maîtrise de l’espagnol, j’ai obtenu le job dans ce qui était à l’époque le seul 5 étoiles d’Ibiza, dans le nord sauvage, en haut d’une falaise face au coucher de soleil. Cet hôtel avait été construit dans les années 70 par un architecte belge qui cédait peu à peu la gestion à son fils ; celui-ci faisait à l’époque des aller-retours Belgique (où il avait ses affaires)-Ibiza et cherchait une personne de confiance pour être sa personne de contact sur place.

Je ne vais pas entrer dans les détails mais une fois de plus je n’ai pas trouvé ma place (assez récurrent dans ma vie), coincée que j’étais entre d’une part le personnel andalous et la direction locale qui géraient les choses à leur sauce (la sauce andalouse, sorry mais je devais la faire) et d’autre part la jeune génération belge qui voulait implémenter une gestion plus « nordique ». Je tiendrai trois ans avant de quitter ce job et de faire une dernière saison dans un autre hôtel rural des plus rocambolesque.

Là n’est pas l’intérêt. Ce qui compte c’est une rencontre, un Anglais que je fréquenterai pendant trois ans, un mix de bad boy aventurier ex homme d’affaires et pirate au long cours qui vivait sur son catamaran. Pour la petite liégeoise sérieuse que j’étais, quel glamour que ces week-ends à explorer les criques d’Ibiza ou Formentera, à débarquer en zodiac sur une plage pour aller déguster une paella… Oui vraiment la vie aurait pu choisir pire destination pour mes prémices de développement personnel.

Cet homme plus « alternatif » que moi, a initié des questionnements, des prises de conscience, une ouverture à autre chose. Serais-je qui je suis si je ne l’avais pas rencontré et donc si je n’avais pas vécu à Ibiza ? La vie aurait sans doute proposé d’autres expériences pour lever le voile et reconnecter à mon âme. Mais ce rendez-vous là, qui a semé la première graine, je ne l’ai pas raté même si je n’en ai pas mesuré tout de suite l’importance. Avec le temps qui passe, on est plus sage pour regarder en arrière et voir que tout avait un sens, vous ne trouvez pas ? (même ce qui au moment même n’en avais pas).

Cette relation est loin d’avoir été glamour tous les jours et s’est terminée de façon un peu pathétique, mais c’est elle qui m’a amenée à Nottingham où j’ai vécu deux ans et suivi mes cours de massage et de réflexologie (Diploma in Holistic Therapies), Petite anecdote : je ne m’étais jamais fait masser, ni n’avais expérimenté la réflexologie ni n’avais utilisé ne fut-ce qu’une fois une huile essentielle, Cela ne faisait pas partie de ma « culture familiale » ; mais quand cet homme, originaire de Nottingham, a obtenu via son ex compagne le programme des cours qui commençaient 15 jours après, j’ai quitté Ibiza avec ma petite Citroën pour aller m’inscrire à ce cursus, faisant une brève halte en Belgique où mes parents n’ont dans un premier temps pas trop compris ce qui se jouait ; ce départ d’Ibiza a aussi scellé le début de la fin avec cet homme qui au final avait joué son rôle en initiant mon élan vers « autre chose ». Gratitude à nouveau pour ces personnes qui jalonnent le parcours comme des éclaireurs même s’ils n’en sont pas toujours conscients, et qu’il n’y a pas lieu de garder dans nos vies une fois que le message est reçu. Vous en identifiez, vous, dans votre vie ??

Pour terminer la petite histoire

Et boucler la boucle de ce qui m’a amenée à vivre actuellement à Bruxelles, j’évoque la suite riche à nouveau en synchronicités.

Une fois mon diplôme obtenu, gros questionnements : rester à Nottingham, retourner à Ibiza, rentrer à Liège ? C’est à ce moment en janvier 2001 que ma mère a fait une thrombose avec pronostic vital engagé. Le lendemain matin j’étais dans l’avion ; je me suis réinstallée à Liège chez mon père le temps que ma mère entre en revalidation. Je me souviens, au printemps 2001 avoir décidé de retourner à Nottingham chercher mes affaires et de revenir vivre en Belgique après un peu plus de 6 ans à l’étranger. Je me souviens avoir dit à mon père, alors que je traversais la Manche d’acheter Le Soir car j’allais chercher du boulot (deuxième fois que Le Soir est mis à l’honneur dans cet article, comme vecteur de synchronicités).

Et donc dans Le Soir de ce week-end là était l’annonce du Club de Fitness anglais Aspria qui ouvrait son premier club belge (rue de l’Industrie à Bruxelles) au 1er juillet 2001 et cherchait des massothérapeutes Free-lance… J’ai donc pris mon statut d’indépendante pour me lancer sans freins du mental car l’époque était plus insouciante qu’aujourd’hui.

Et vous ?

Qu’est-ce que la Vie a mis en place comme stratagèmes pour vous faire arriver là où vous en êtes ?? Percevez-vous comme le chemin, aussi ardu puisse-t-il être parfois,est exactement celui qui était pertinent pour vous et l’écolage de votre âme ? Prenez-vous parfois le temps de regarder en arrière avec bienveillance pour honorer le chemin parcouru ? Avez-vous dit « oui » à des changements radicaux qui vous ont amené plus proche de votre Être authentique ? Exprimez-vous dans votre cœur de la gratitude pour ces synchronicités, ces êtres, lieux ou décisions qui ont impacté le fil de votre vie ?

Je lirai volontiers vos commentaires.

Namasté

Michèle

Si d’aventure vous comptez fouler la terre rouge d’Ibiza : je vous partagerai avec plaisir quelques adresses ; je ne suis certes plus au fait de l’Ibiza « 30 ans après mon passage », mais certains lieux emblématiques et indémodables demeurent…

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